ENTRE 1950 et 1960, il se pchait 2.500 tonnes de coquillages
par an en rade de Brest, sans compter l’hutre plate. Durant
la dcennie suivante, la production moyenne annuelle tombait
1.500 tonnes par an, puis 1.100 tonnes entre 1970 et 1980
pour tomber une moyenne de 365 tonnes durant les annes
quatre-vingt quatre-vingt-dix. Ptoncle, praire et surtout
coquille Saint-Jacques n’ont cess de rgresser dans la baie
depuis prs de cinquante ans. Surpche et pollution sont
l’origine de cette rcession prjudiciable aux mtiers de la
mer comme au tourisme, dont l’un des atouts tait la pche
pied.
Depuis quelques annes, une opration pilote est mene par le
comit local des pches propos de la coquille Saint-Jacques.
Les eaux de la baie n’ayant plus une qualit susceptible de
favoriser les naissances et la premire phase de dveloppement
des larves, une closerie a t installe Plougastel-Daoulas.
Dans une petite station alimente en eau de mer, des coquilles
adultes sont soumises des modifications d’clairage qui
conduisent parfois trois priodes de ponte par an. Dans un
premier temps, les larves planctoniques de moins de 0,2 mm
vivent en suspension dans les bacs de cette nurserie aliments
en algues broyes. Dans un second temps, elles deviennent des
postlarves et se fixent sur des grilles qui sont « brosses »
chaque jour au pinceau de manire vacuer les bestioles
mortes sans abmer les vivantes accroches comme des moules.
Dans un troisime temps, les survivants atteignent 2 mm et
vont en « pension » dans la baie de Saint-Brieuc, o la qualit
de l’eau de mer reste meilleure que celle de la rade de Brest.
Au retour de ces « colonies de vacances » passes dans des
caisses ajoures sur les bords de la Manche, les coquilles
juvniles, ges de six huit mois, atteignent 3 centimtres
de diamtre. Elles sont alors « semes » en rade de Brest sur
les zones les plus propices leur croissance. L, il faudra
encore attendre deux trois ans avant de pcher des coquilles
atteignant la taille lgale de 10,2 cm de diamtre.
L’exprience marche plutt bien et Jean-Pierre Carval,
prsident du comit local des pche, espre que ce travail de
repeuplement permettra de doubler les captures d’ici 1998.
Chaque bateau verse d’ailleurs une contribution de
6.000 francs par an pour la russite de ce projet. A terme,
il faudra que la profession autofinance la poursuite de cette
opration qui, techniquement, est presque au point. Dans cette
exprience unique en Europe, quelques dysfonctionnements
subsistent encore quant au conditionnement des gniteurs pour
la ponte volont et pour le semis des juvniles. Mais les
chercheurs travaillent les rsoudre.
G. L.P.